quarta-feira, 24 de novembro de 2010
Soulages (3)
Mon travail est toujours un dialogue entre ce qui apparaît sur la toile pendant que je peins et mes réactions devant ce qui apparaît; c'est un échange continuel. Je ne travaille pas en état de transe; je contrôle. Je contrôle et je laisse aller. C'est un échange entre ces deux choses-là. Ce qui m'intéresse c'est la totalité; ce n'est pas seulement l'inconscient, c'est aussi le choix que je fais d'une manière consciente. Je choisis et je suis choisi. C'est ce qui m'intéresse dans une oeuvre et en tout cas, c'est ma manière à moi d'être un homme. Ne me fermer ni à l'un, ni à l'autre, ni au conscient, ni à l'inconscient. D'ailleurs c'est toujours ne se fermer à rien.
La peinture commence à partir du moment où l'on met un point sur un segment de droite. Déjà on a commencé; on a fait un choix et par conséquent il y a un embryon d'art puisque je pense que l'art commence au choix. Il y a des choix que l'on fait consciemment et que l'on sait que l'on fait et puis il y a aussi des choix dans lesquels on est choisi au fond, dans lesquels on ne choisit pas. Mais à partir du moment où on met un point sur une ligne, on a commencé à faire de la peinture ou de l'architecture. Ça peut être aussi de la musique: ça peut être un accord ou autre chose.
Choix, décision, c'est pareil parce que quand je parle des choix conscients et de ceux où je suis choisi, je peux aussi bien dire décision. Et l'art à mon avis commence là.
segunda-feira, 22 de novembro de 2010
Soulages (2)
Les divers aspects des objets et les objets eux-mêmes ne sont pas la réalité. Les rapports de l'homme avec le monde objectif, sa sensibilité, ses mythes, ses idées, les structures sociales auxquels ils s'achoppent constituent la réalité.
En éprouvant, en vivant les rapports des couleurs, de formes, l'espace, les structures, les rythmes qui sont propres à un artiste, on est introduit à une nouvelle manière de réagir, d'éprouver et de comprendre le monde; ainsi naissent entre les hommes et le monde de nouveaux rapports, une nouvelle réalité.
L'expérience que le peintre a du monde pénètre l'oeuvre. La peinture étant une expérience poétique, le monde y est transfiguré: le tableau est une métaphore.
Cette peinture qui a l'air coupée du monde est cernée par le monde et lui doit son sens.
Pierre Soulages, Chacun sa réalité, 1957 in Écrits et propos
quinta-feira, 18 de novembro de 2010
Soulages
Pour un peintre les problèmes qui se posent ne précèdent pas les solutions. Ils naissent de l'oeuvre, avec elle.
Je ne crois apprendre ce que je cherche qu'en peignant; cela n'exclut pas que ma peinture soit précédée d'une envie, d'un besoin de certaines formes plutôt que d'autres, mais ce n'est que peintes que ces formes me renseignent sur cette envie. C'est à ce moment-là que j'en tire les modifications, les précisions qui me paraissent nécessaires, et aussi les formes suivantes qui m'obligent à remettre les premières en question.
Je crois de la part de l'artiste à une continuelle intervention: va-et-vient de son impulsion créatrice à l'interrogation de la forme qu'elle lui apporte. À vrai dire, il ne s'agit pas de formes isolées qui s'additionnent les unes aux autres, mais d'éléments prenant peu à peu le caractère indissociable d'une synthèse: le tableau achevé.
Dans cette manière de peindre, la liberté de l'artiste étant à chaque instant en jeu, le tableau lui-même est un engagement total, témoignage poétique du monde dont on abandonne la validité au spectateur. On ne lui demande pas de retrouver une histoire, un paysage, une nature morte, des personnages, des animaux ou des fragments de ceux-ci, ni même un état d'âme éprouvé devant eux, bref une anecdote romantique, expressionniste ou d'un autre ordre. On ne demande rien au spectateur: on lui propose une peinture qu'il voit à la fois en toute liberté et nécessité. Mais dans cette peinture le spectateur lui aussi se trouve naturellement engagé en entier. La position qu'il adopte devant un tableau de ce genre dépend et répond de son attitude générale dans le monde, et ceci avec d'autant plus de force que la peinture ne le renvoie pas à quelque chose d'extérieur à elle-même.
N.B.: La peinture telle que je l'envisage plus haut n'est pas un "art pur" opposé à l'"art réaliste". Ce n'est pas un art gratuit, surtout pas un pur jeu de formes.
C'est une démarche qui engage à la fois l'homme et le monde. L'homme, autant le spectateur que l'artiste.
quinta-feira, 11 de novembro de 2010
quinta-feira, 4 de novembro de 2010
Dois consiglieri
Hoje, no jornal das 9, na SIC Notícias, Ângelo Correia e Victor Ramalho.
— ...desculpe, Ângelo...
—Sim, Victor...
Dois consiglieri de duas famílias. Até a referência à estratégia militar foi reveladora. Dois consiglieri de duas famílias discutindo o poder relativo neste país sicilianamente pobre. Num outro cenário, um pouco mais intimista e discreto, que não o vibrante e televisivo da SIC Notícias, a semelhança com alguns diálogos na trilogia "O Padrinho" de Coppola seria por demais evidente. Foi verdadeiramente confrangedor... enfim, "tudo bons rapaces".
quarta-feira, 3 de novembro de 2010
Carlos Amado (1936-2010)
Morreu Carlos Amado. Ontem, no dia em que completou 74 anos. Escultor, cenógrafo, desenhador, uma vida dedicada à arte e ao seu ensino. Foi meu professor e meu amigo. Foi através dele que conheci José Escada. Devo-lhe muito do que sou mas, acima de tudo, devo-lhe a aprendizagem de um dos valores mais importantes que continuo a transmitir aos meus alunos, tal como ele me transmitiu: de que uma estética, qualquer que seja, nunca poderá andar separada de uma ética.