terça-feira, 22 de junho de 2004
A memória e o esquecimento (ainda os retratos post-mortem)
Desta relação simbiótica e oscilante entre a memória e o esquecimento, relação aplicável às fascinantes fotografias post-mortem - mas também, curiosamente, a outros aspectos da tanatologia -, encontrei um pequeno texto notável que poderia ser acerca da distinção conceptual básica de morte entre o Ocidente e o Oriente (neste caso, só o é do ponto de vista antropológico):
Cette proximité des deux couples - vie et mort, mémoire et oubli - est partout ressentie, exprimée et même symbolisée. Pour beaucoup, elle n'est pas seulement d'ordre métaphorique (l'oubli comme une sorte de mort, la vie des souvenirs), mais elle met en jeu des conceptions de la mort (de la mort comme autre vie ou de la mort comme immanente à la vie) qui commandent à leur tour les roles impartis à la mémoire et à l'oubli: dans un cas la mort est devant moi et je dois au présent me souvenir de devoir mourrir un jour; dans l'autre la mort est derriére moi et je dois vivre au présent sans oublier le passé qui l'habite. L'idée de salut, l'idée chrétienne, appartient davantage au premier cas, et l'idée du retour, l'idée païenne des réincarnations successives, au second: une espérance ici et là, un souvenir informent l'existence quotidienne. À peine formulée, cette affirmation doit être nuancée: les chrétiens, collectivement et individuellement, ont un passé (le péché), et les paganismes n'ignorent pas le futur. Les deux conceptions ne sont donc pas totalement inconciliables et notre présent se partage souvent entre les incertitudes de l'avenir et les confusions du souvenir.
Marc Augé in Les Formes de l'Oubli, Paris, 2001
Desta relação simbiótica e oscilante entre a memória e o esquecimento, relação aplicável às fascinantes fotografias post-mortem - mas também, curiosamente, a outros aspectos da tanatologia -, encontrei um pequeno texto notável que poderia ser acerca da distinção conceptual básica de morte entre o Ocidente e o Oriente (neste caso, só o é do ponto de vista antropológico):
Cette proximité des deux couples - vie et mort, mémoire et oubli - est partout ressentie, exprimée et même symbolisée. Pour beaucoup, elle n'est pas seulement d'ordre métaphorique (l'oubli comme une sorte de mort, la vie des souvenirs), mais elle met en jeu des conceptions de la mort (de la mort comme autre vie ou de la mort comme immanente à la vie) qui commandent à leur tour les roles impartis à la mémoire et à l'oubli: dans un cas la mort est devant moi et je dois au présent me souvenir de devoir mourrir un jour; dans l'autre la mort est derriére moi et je dois vivre au présent sans oublier le passé qui l'habite. L'idée de salut, l'idée chrétienne, appartient davantage au premier cas, et l'idée du retour, l'idée païenne des réincarnations successives, au second: une espérance ici et là, un souvenir informent l'existence quotidienne. À peine formulée, cette affirmation doit être nuancée: les chrétiens, collectivement et individuellement, ont un passé (le péché), et les paganismes n'ignorent pas le futur. Les deux conceptions ne sont donc pas totalement inconciliables et notre présent se partage souvent entre les incertitudes de l'avenir et les confusions du souvenir.
Marc Augé in Les Formes de l'Oubli, Paris, 2001