domingo, 5 de dezembro de 2004
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Cy Twombly
(des)aprender a desenhar (12)
Cy Twombly, Untitle, 2001, acrílico, pastel, grafite e colagem s/ papel, 124x99 cm
Roland Barthes in Cy Twombly ou «Non multa sed multum».
Cy Twombly, Untitle, 2001, acrílico, pastel, grafite e colagem s/ papel, 124x99 cm
Cy Twombly
(des)aprender a desenhar (12)
Cy Twombly, Untitle, 2001, acrílico, pastel, grafite e colagem s/ papel, 124x99 cm
La lettre, chez Twombly - le contraire même d'une lettrine -, est faite sans application. Elle n'est pourtant pas enfantine, car l'enfant s'applique, appuie, arrondit, tire la langue; il travaille dur pour rejoindre le code des adultes. Twombly s'en éloigne, il desserre, il traîne; sa main semble entrer en lévitation; on dirait que le mot a été écrit du bout des doigts, non par dégoût ou par ennui, mais par une sorte de fantaisie ouverte au souvenir d'une culture défunte, qui n'aurait laissé que la trace de quelques mots. Chateaubriand: «On déterre dans les îles de Norvège quelques urnes gravées de caractères indéchiffrables. À qui appartiennent ces cendres? Les vents n'en savent rien.» L'écriture de Twombly est encore plus vaine: c'est déchiffrable, ce n'est pas interprétable; les traits eux-mêmes peuvent bien en être précis, discontinus; ils n'en ont pas moins pour fonction de restituer ce vague qui empêcha Twombly, à l'armée, d'être un bon déchiffreur des codes militaires («I was a little too vague for that»). Or le vague, paradoxalement, exclut tout idée d'énigme; le vague ne va pas avec la mort; le vague est vivant.
Roland Barthes in Cy Twombly ou «Non multa sed multum».
Cy Twombly, Untitle, 2001, acrílico, pastel, grafite e colagem s/ papel, 124x99 cm