sábado, 19 de março de 2005
Baldanders
Foto de Colette Copeland
Foto de Colette Copeland
Baldanders (nom que nous pouvons traduire par Soit différent ou Soit autre) fut suggéré au maître cordonnier Hans Sachs, de Nuremberg, par ce passage de l'Odyssée où Ménélas poursuit le dieu égyptien Protée, qui se transforme en lion, en serpent, en panthère, en énorme sanglier, en arbre et en eau. Hans Sachs est mort en 1576; au bout de quelque quatre-vingt-dix ans, Baldanders réapparaît au sixième livre du roman fantastico-picaresque de Grimmelshausen, Simplicius Simplicissimus. Dans un bois, le protagoniste rencontre une statue de pierre, qui lui semble l'idole de quelque vieux temple germanique. Il la touche et la statue lui dit qu'elle est Baldanders et qu'elle prend la forme d'un homme, d'un chêne, d'une porte, d'un saucisson, d'un pré couvert de trèfle, de fumier, d'une fleur, d'une branche fleurie, d'un mûrier, d'un tapis de soie, de plusieurs autres choses et êtres, puis, à nouveau, d'un homme. Elle fait mine d'instruire Simplicissimus dans l'art "de parler avec les objets qui de nature sont muets, tels que chaises et bancs, marmites et cruches"; elle se transforme aussi en secrétaire et elle écrit ces paroles de la Révélation de saint Jean: Je suis le commencement et la fin, qui sont la clef du document chiffré où elle laisse ses instructions. Baldanders ajoute que son blason (comme celui du Turc et avec plus droit que le Turc) est l'inconstante lune.
Baldanders est un monstre successif, un monstre dans le temps; au frontispice de la première édition du roman de Grimmelshausen est une gravure qui représente un être avec tête de satyre, torse d'homme, ailes déployées d'oiseau et queue de poisson, lequel avec une patte de chèvre et des serres de vautour, piétine un tas de masques qui peuvent être les représentants des différentes espèces. À la ceinture, il porte une épée et dans les mains un livre ouvert, avec les figures d'une couronne, d'un voilier, d'une coupe, d'une tour, d'un enfant, de quelques dés, d'un bonnet avec des grelots et d'un canon.
J. L. Borges e Margarita Guerrero in Le Livre des Êtres Imaginaires, 1978.
Baldanders est un monstre successif, un monstre dans le temps; au frontispice de la première édition du roman de Grimmelshausen est une gravure qui représente un être avec tête de satyre, torse d'homme, ailes déployées d'oiseau et queue de poisson, lequel avec une patte de chèvre et des serres de vautour, piétine un tas de masques qui peuvent être les représentants des différentes espèces. À la ceinture, il porte une épée et dans les mains un livre ouvert, avec les figures d'une couronne, d'un voilier, d'une coupe, d'une tour, d'un enfant, de quelques dés, d'un bonnet avec des grelots et d'un canon.
J. L. Borges e Margarita Guerrero in Le Livre des Êtres Imaginaires, 1978.