domingo, 24 de abril de 2005
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Le Sphinx
Foto de Tarum Khiwal
Le Sphinx des monuments égyptiens (appelé Androsphinx par Hérodote, pour le distinguer du grec), est un lion couché par terre avec une tête d'homme; il représentait, pense-t-on, l'autorité du roi et il gardait les sépulcres et les tombeaux. D'autres, dans les avenues de Karnak, ont tête de bélier, l'animal sacré d'Amon. Des sphinx barous et couronnés se trouvent dans les monuments d'Assyrie et l'image est habituelle dans les gemmes persanes. Pline, dans son catalogue d'animaux éthiopiens, inclut les Sphinx dont il ne précise autre trait que le pelage brun rougeâtre et les seins identiques.
Le Sphinx grec a tête et poitrine de femme, ailes d'oiseau, et corps et pieds de lion. D'autres lui attribuent corps de chien et queue de serpent. On raconte qu'il désolait le pays de Thèbes, en proposant des énigmes aux hommes (car il avait voix humaine) et en dévorant ceux qui ne savaient pas les résoudre. À Edipe, fils de Jocaste, il demanda:
— Quel être a quatre pieds, deux pieds ou trois pieds, et plus il en a, plus il est faible? (Telle est, paraît-il, la plus ancienne version. Les ans lui ajoutèrent la métaphore qui fait de la vie de l'homme une seule journée.
Maintenant on la formule de cette manière: Quel est l'animal qui marche à quatre pieds le matin, deux à midi, et trois le soir?).
Edipe répondit que c'était l'homme, qui, enfant, se traîne sur quatre pieds, quand il est adulte marche sur deux et dans la vieillesse s'appuie sur un bâton. Le sphinx, l'énigme déchiffrée, se précipita du haut de sa montagne.
De Quincey, vers 1849, suggéra une deuxième interprétation, qui peut compléter la traditionnelle. Le sujet de l'énigme, selon de Quincey, est moins l'homme en général que l'individu Edipe, misérable et orphelin en son matin, seul à l'âge adulte et appuyé sur Antigone dans sa vieillesse aveugle et désespérée.
J.L. Borges e Margarita Guerrero in Le Livre des Êtres Imaginaires, 1978.
Foto de Tarum Khiwal
Le Sphinx des monuments égyptiens (appelé Androsphinx par Hérodote, pour le distinguer du grec), est un lion couché par terre avec une tête d'homme; il représentait, pense-t-on, l'autorité du roi et il gardait les sépulcres et les tombeaux. D'autres, dans les avenues de Karnak, ont tête de bélier, l'animal sacré d'Amon. Des sphinx barous et couronnés se trouvent dans les monuments d'Assyrie et l'image est habituelle dans les gemmes persanes. Pline, dans son catalogue d'animaux éthiopiens, inclut les Sphinx dont il ne précise autre trait que le pelage brun rougeâtre et les seins identiques.
Le Sphinx grec a tête et poitrine de femme, ailes d'oiseau, et corps et pieds de lion. D'autres lui attribuent corps de chien et queue de serpent. On raconte qu'il désolait le pays de Thèbes, en proposant des énigmes aux hommes (car il avait voix humaine) et en dévorant ceux qui ne savaient pas les résoudre. À Edipe, fils de Jocaste, il demanda:
— Quel être a quatre pieds, deux pieds ou trois pieds, et plus il en a, plus il est faible? (Telle est, paraît-il, la plus ancienne version. Les ans lui ajoutèrent la métaphore qui fait de la vie de l'homme une seule journée.
Maintenant on la formule de cette manière: Quel est l'animal qui marche à quatre pieds le matin, deux à midi, et trois le soir?).
Edipe répondit que c'était l'homme, qui, enfant, se traîne sur quatre pieds, quand il est adulte marche sur deux et dans la vieillesse s'appuie sur un bâton. Le sphinx, l'énigme déchiffrée, se précipita du haut de sa montagne.
De Quincey, vers 1849, suggéra une deuxième interprétation, qui peut compléter la traditionnelle. Le sujet de l'énigme, selon de Quincey, est moins l'homme en général que l'individu Edipe, misérable et orphelin en son matin, seul à l'âge adulte et appuyé sur Antigone dans sa vieillesse aveugle et désespérée.
J.L. Borges e Margarita Guerrero in Le Livre des Êtres Imaginaires, 1978.
