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terça-feira, 13 de setembro de 2005

 
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Coisas esquecidas

La musique parfois donne une idée grossière, un modèle primitif de cette manoeuvre des systèmes nerveux. Elle éveille et rendort les sentiments, se joue des souvenirs et des émotions dont elle irrite, mélange, lie et délie les secrètes commandes. Mais ce qu'elle ne fait que par l'intermédiaire sensible, par des sensations qui nous désignent une cause physique et une origine nettement séparée, il n'est pas imposible qu'on puisse le produire avec une puissance invincible et méconnaissable, en induisant directement les circuits les plus intimes de la vie. C'est en somme un problème de physique. L'action des sons, et particulièrement de leurs timbres, et parmis eux les timbres de la voix — l'action extraordinaire de la voix est un facteur historique d'importance — fait pressentir les effets de vibrations plus subtiles accordées aux résonances des éléments nerveux profonds. Nous savons bien, d'autre part, qu'il est des chemins sans défense pour atteindre aux châteaux de l'âme, y pénétrer et s'en rendre maîtres. Il est des substances qui s'y glissent et s'en emparent. Ce que peut la chimie, la physique des ondes le rejoindra selon ses moyens.
On sait ce qu'ont obtenu des humains les puissants orateurs, les fondateurs de religions, les conducteurs de peuples. L'analyse de leurs moyens, la considération des développements récents des actions à distance suggèrent aisément des rêveries comme celle-ci. Je ne fais qu'aller à peine un peu plus loin que ce qui est. Imagine-t-on ce que serait un monde où le pouvoir de faire vivre plus vite ou plus lentement les hommes, de leur communiquer des tendances, de les faire frémir ou sourire, d'abattre ou de surexciter leurs courages, d'arrêter au besoin les coeurs de tout un peuple, serait connu, défini, exercé!... Que deviendraient alors les prétentions du Moi? Les hommes douteraient à chaque instant s'ils seraient sources d'eux-mêmes ou bien des marionnettes jusque dans le profond du sentiment de leur existence.
Ne peuvent-ils déjà éprouver quelquefois ce malaise? Notre vie en tant qu'elle dépend de ce qui vient à l'esprit, qui semble venir de l'esprit et s'imposer à elle après s'être imposée à lui, n'est-elle pas commandée par une quantité énorme et désordonnée de conventions dont la plupart sont implicites? Nous serions bien en peine de les exprimer et de les expliquer. La société, les langages, les lois, les moeurs, les arts, la politique, tout ce qui est fiduciaire dans le monde, tout effet inégal à sa cause exige des conventions, c'est-à-dire des relais — par le détour desquels une réalité seconde s'installe, se compose avec la réalité sensible et instantanée, la recouvre, la domine —, se déchire parfois pour laisser apparaître l'effrayante simplicité de la vie élémentaire. Dans no désirs, dans nos regrets, dans nos recherches, dans nos émotions et passions, et jusque dans l'effort que nous faisons pour nous connaître, nous sommes le jouet de choses absentes — qui n'ont même pas besoin d'exister pour agir.

Paul Valéry in Regards sur le monde actuel, 1927.



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