quinta-feira, 21 de maio de 2009
Grille de parole
Foto de Katarzyna Widmanska
Rond d'un oeil entre les barres.
Vibratile animal paupière
rame vers le haut,
permet un regard.
Iris, nageuse, sans rêve et morose:
le ciel, gris-coeur, doit être proche.
Penché, dans la bobèche de fer,
le copeau fumeux cracheur de suie.
Au sens de la lumière
tu devines l'âme.
(Si j'étais comme toi. Si tu étais comme moi.
N'étions-nous pas
sous un seul et même alizé?
Nous sommes des étrangers.)
Les carreaux, par terre. Dessus,
serrées l'une contre l'autre, les deux
flaques gris-coeur:
deux
pleines bouches de silence.
Paul Celan in Grille de parole, 1991.
Foto de Katarzyna Widmanska
Rond d'un oeil entre les barres.
Vibratile animal paupière
rame vers le haut,
permet un regard.
Iris, nageuse, sans rêve et morose:
le ciel, gris-coeur, doit être proche.
Penché, dans la bobèche de fer,
le copeau fumeux cracheur de suie.
Au sens de la lumière
tu devines l'âme.
(Si j'étais comme toi. Si tu étais comme moi.
N'étions-nous pas
sous un seul et même alizé?
Nous sommes des étrangers.)
Les carreaux, par terre. Dessus,
serrées l'une contre l'autre, les deux
flaques gris-coeur:
deux
pleines bouches de silence.
Paul Celan in Grille de parole, 1991.