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quarta-feira, 6 de janeiro de 2010

 
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La première phrase commence ainsi: il y a les couples. Il y a les couples, ceux qui sont dans les maisons, derrière le papier peint des murs: la fin des solitudes, la maladie organique de l'amour. Les corps sont appris. On sait leurs préférences, d'un jour à l'autre, d'une pièce à l'autre, le bruit des pas, les humeurs éternelles. On sait tout ce qui est à savoir, le bonheur, l'amertume, dans un sens, c'est pratique. Les choses qu'on ne sait pas, on s'en méfie. Elles n'entrent plus dans les gestes, dans les rêves. Elles échappent. La haine les mange, en silence, elle s'en nourrit. C'est la loi, la règle. E puis il y a l'autre solitude. On peut la découvrir, toujours. C'est comme une première fois. Elle ne part pas. Elle est là, toujours possible. Intacte, inutile. Celle de l'âme rompue, ravie. Celle de l'écriture. Je ne la reconnais qu'à l'instant de la perdre, au bord de trop parler. Je la vois à l'oeuvre dans la chambre des amants, dans ce silence sur eux comme la neige, comme le poids de la neige sur les cils, sur les dents. Les mots de l'amour sont comme l'amour que l'on fait, ils demandent la nuit, l'éclat sans égal de la nuit. On aime. On écrit. C'est pour ne pas mourir et c'est juste après la mort.


Ainsi commence la lettre que vous ne lirez pas.


Christian Bobin in L'Enchantement simple, 1986.



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